Pour un avant-goût et une présentation (en anglais) du concert par Michel Godard lui-même : http://www.youtube.com/watch?v=DsO9k4YtfCM
Pour le Labyrinthe Musical en Rouergue, mercredi 14 août, Michel Godard (serpent, tuba, basse électrique) et Ursula S. Yeo (parfums) joueront le Concert des Parfums à l’Eglise des Augustins de Villefranche de Rouergue, en compagnie de Gavino Murgia (voix, saxophone), Bruno Helstroffer (théorbe), Fanny Paccoud (violon) et Pedram Khavarzamini (percussions).
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(extrait du dossier de presse de l’album)
Comment parler de musique ?
Comment trouver un équivalent, dans les mots, qui puisse rendre compte du trouble opéré par les sons, par les rythmes ? Le commentateur en est réduit à des métaphores plus ou moins neuves. La même impuissance saisit l’œnologue dès qu’il s’agit d’évoquer la robe, le bouquet, la structure d’un vin ; on est alors tenté d’utiliser le vocabulaire de la musique, et l’on parlera de la structure d’un grand cru comme de celle d’un mouvement de sonate, de la persistance d’un goût dans la bouche comme d’un écho gustatif. Mais il est possible de réconcilier tout le monde
en évoquant un autre univers : celui du parfum. Après tout, on dira d’un parfum
qu’il possède des notes fleuries ou boisées, qu’il superpose différents éléments
comme un accord, qu’il est composé de vanille et de santal. «Le parfum vit dans le temps», écrit Patrick Süsskind dans un célèbre roman. Il évolue comme le vin au fil des années, et se répand dans l’atmosphère comme le fait la musique.
Cette proximité entre les univers de la musique et du parfum a donné l’idée à Michel Godard, tubiste (il joue aussi du serpent, cet étrange instrument à vent en vogue au début du XIXème siècle), compositeur et improvisateur, de concevoir un concert en compagnie d’Ursula S. Yeo, créatrice de parfums venue de Hambourg mais aussi aromathérapeute.
Le principe était simple : «On peut créer un parfum à partir d’une musique.»
Michel Godard a envoyé à Ursula S. Yeo des enregistrements et des maquettes
sonores de ses musiques (non pas des partitions, qui auraient rendu l’échange
trop abstrait, trop peu physique). Avec ses complices Gavino Murgia (voix,
saxophone), Sébastien Marq (flûtes à bec), Gérard Marais (guitares) et Patrice
Héral (percussions, électronique, voix), il a imaginé de mélanger le jazz, les
musiques électroniques et la musique baroque dans un concert inédit. Ursula
s’est imprégnée de tous ces sons pour imaginer une dizaine de fragrances qui
puissent être diffusées successivement pendant le concert. Les deux artistes se
sont mis d’accord : que les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ! Il
y a ainsi, au départ de leur prestation commune, une note de base diffusée par
une lampe à huile (un peu comme le mi bémol initial et presque inaudible de L’Or
du Rhin), puis les parfums se superposent jusqu’à obtenir une composition de plus d’une centaine d’essences.
Bien sûr, les instrumentistes-improvisateurs réagissent avec les senteurs et font évoluer leurs phrases, leurs accents avec elles. «Les parfums donnent un éclairage particulier à la musique», dit Michel Godard – qui d’une phrase convoque
un sens supplémentaire dans l’appréhension des sons et rejoint le projet fou d’un Scriabine imaginant projection de couleurs et diffusion de parfums pendant l’exécution de la musique.
Quant à la diffusion des parfums, précisément, elle sera faite par le biais de perches auxquelles seront fixés des tissus imprégnés. Attention, il est recommandé de se parfumer après le spectacle !
Christian Wasselin